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Le Châteauform’ City – Les Jardins de Saint-Dominique, niché au cœur du 7e arrondissement parisien, a accueilli mercredi 24 septembre les Rencontres de la CNAMS 2025, une journée riche en échanges, en réflexions et en propositions concrètes pour les artisans des secteurs des services et de la fabrication. Entre lettre ouverte au Gouvernement, débats sur la facturation électronique, analyses démographiques et réflexions sur le leadership, cet événement a confirmé son rôle de plateforme essentielle pour anticiper les défis économiques et sociaux de demain.

Une lettre ouverte pour porter la voix des artisans

La journée a débuté par un temps fort : la présentation d’une lettre ouverte au Gouvernement à l’initiative de la CNAMS, relayée par la CNAMS Île-de-France (ci-contre).

Ce texte solennel, fruit des échanges entre professionnels, met en lumière les injustices et les fraudes qui pèsent sur les artisans, et propose des solutions concrètes pour y remédier. Un appel à l’action, qui rappelle l’urgence de soutenir les acteurs de terrain et de garantir que « le travail paie ».

Facturation électronique : une transition numérique inéluctable

La table ronde sur la facturation électronique, animée par Sébastien Rabineau (DGFIP) et des représentants de Yneia, a rappelé les obligations légales et les outils disponibles pour faciliter cette transition.

Dès 2026, toutes les entreprises assujetties à la TVA en France devront adopter ce système, qui concerne les achats et ventes de biens et services entre entreprises. Les données transmises à l’administration via les plateformes dédiées permettront une meilleure traçabilité et une simplification des démarches.

Un enjeu majeur pour les TPE, qui doivent se préparer dès maintenant et qui fait écho à la lettre ouverte présentée en début des Rencontres sur ce sentiment partagé d’accroissement des contraintes pesant sur les artisans.

BPI France et le prêt flash : un coup de pouce aux TPE-PME

Laurent Munerot, président de la CNAMS, avait co-animé une présentation avec BPI France, mettant en avant les dispositifs d’accompagnement dédiés aux entreprises, notamment le prêt flash. Ce dispositif, conçu pour répondre aux besoins de trésorerie des TPE-PME, a été salué pour sa simplicité et son efficacité.

Les représentantes de BPI France ont présenté l’ensemble des dispositifs à l’attention des entreprises artisanales, une opportunité pour les entrepreneurs de financer leurs projets et de sécuriser leur développement. Une question a été posée concernant l’absence de financement et d’accompagnement pour les entreprises individuelles, les dispositifs proposées ayant en effet UNE contrainte : être en société.

Les équipes de BPI France apporteront une attention particulière à cette situation.

Démographie et travail : un équilibre à repenser

L’après-midi a été marqué par une intervention enrichissante de Gérard-François Dumont, géographe, économiste et président de Population & Avenir. Ses analyses, fondées sur les projections du Conseil d’Orientation des Retraites (COR), ont révélé un déséquilibre démographique alarmant : en 2050, la France comptera seulement 1,4 actif pour 1 retraité.

Les défis à relever

  • Pression sur les retraites : Avec moins d’actifs pour financer les pensions, le système par répartition sera mis à rude épreuve.
  • Nécessité de réformes : Augmenter l’âge de départ, améliorer la transparence, stimuler la natalité… Autant de pistes pour équilibrer le système.
  • Impact économique : Un déséquilibre qui pourrait freiner la croissance et fragiliser la protection sociale.

Pour Gérard-François Dumont, la solution passe par une réorganisation du travail, une meilleure intégration des seniors et une politique familiale ambitieuse.

Relations intergénérationnelles : concilier expérience et innovation

La table ronde co-animée par Anne-Marie Le Roueil, présidente du Syndicat National des Professions du Chien et du Chat (SNPCC), Clément Hoo, Trésorier de la Fédération Française de la Cordonnerie Multiservice (FFCM) et Steve Ordener, manager de transition et enseignant à l’Université de Lorraine, a exploré les différences de rapport au travail entre baby-boomers et Génération Z.

Les baby-boomers (nés entre 1946 et 1964) incarnent une culture professionnelle marquée par la stabilité et le respect de la hiérarchie. Pour cette génération, le travail était souvent synonyme d’engagement durable, de progression linéaire et de sécurité financière. Leur vision du travail, forgée dans un contexte économique et social différent, reste un pilier pour les entreprises, notamment en matière de gestion, de transmission des savoir-faire et de relations clients.

À l’opposé, la Génération Z (née entre 1995 et 2010) privilégie la flexibilité, l’autonomie et une quête de sens dans son activité professionnelle. Élevée à l’ère du numérique et des réseaux sociaux, cette génération attend des environnements de travail agiles, collaboratifs et inclusifs, où l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle est essentiel. Contrairement aux baby-boomers, les jeunes de la Génération Z n’hésitent pas à changer d’entreprise si leurs attentes ne sont pas comblées, et recherchent des missions alignées avec leurs valeurs, notamment pour certains en termes d’impact social et environnemental. Leur maîtrise des outils technologiques et leur capacité à innover en font des acteurs clés de la transformation des méthodes de travail.

Pourtant, ces deux générations, malgré leurs différences, ont tout à gagner à travailler ensemble. Les baby-boomers apportent une expérience solide, une connaissance approfondie des métiers et une stabilité rassurante, tandis que la Génération Z injecte une dynamique d’innovation, une agilité et une fraicheur qui stimulent la modernisation des entreprises.

En combinant ces forces, les organisations peuvent créer un équilibre entre tradition et modernité, favorisant ainsi un environnement de travail résilient, créatif et adapté aux défis actuels. La clé ? Un dialogue ouvert, un respect mutuel et une volonté commune de tirer parti de cette complémentarité pour construire l’avenir du travail.

Leadership et résilience : les enseignements inspirants du Général Pierre de Villiers

La conférence du Général Pierre de Villiers, ancien chef d’État-major des Armées, a marqué un temps fort des Rencontres de la CNAMS 2025. À travers ses ouvrages, notamment Qu’est-ce qu’un chef ? et L’équilibre est un courage, il a partagé une vision exigeante et humaine du leadership, forgée par 43 années de carrière militaire. Pour lui, un chef ne se contente pas de diriger : il inspire, protège et donne du sens à l’action collective. Son approche, nourrie par l’expérience des crises, rappelle que le leadership est avant tout une question d’équilibre, de courage et d’authenticité, des qualités essentielles pour guider les équipes dans un monde incertain.

Les quatre piliers d’un bon chef, selon le Général de Villiers, reposent sur des principes intangibles. D’abord, fixer une vision claire et donner du sens à l’action, pour mobiliser les équipes autour d’un objectif commun. Ensuite, allier humanité et équilibre : un leader doit être à l’écoute de ses collaborateurs tout en préservant sa propre stabilité physique et mentale.

Puis, agir avec vérité et liberté, même lorsque les choix sont difficiles, car la sincérité est la base de la confiance. Enfin, cultiver compétence et humilité, en reconnaissant ses limites et en restant modeste, surtout face aux tentations du pouvoir ou de l’argent. Ces fondements transcendent les contextes et s’appliquent aussi bien au monde militaire qu’à celui de l’entreprise.

Pour le Général de Villiers, un chef doit avant tout rester naturel et fidèle à lui-même. Il insiste sur l’importance de préserver l’équilibre entre corps, esprit et âme, une harmonie nécessaire pour affronter les défis avec lucidité et résilience. Agir en vérité, sans se laisser influencer par les modes ou les pressions extérieures, est selon lui la condition pour rester libre et crédible.

Une leçon de leadership qui résonne particulièrement dans un monde marqué par les crises économiques, sanitaires et géopolitiques, et qui rappelle que la force d’un dirigeant tient autant à sa compétence qu’à son humanité.

Ces Rencontres ont confirmé que l’avenir des entreprises se construit par l’innovation, la transmission et un leadership résilient, où chaque génération, chaque métier et chaque voix compte pour relever ensemble les défis de demain.

La Team Île-de-France entre Michel Picon, Président de l’U2P (à gauche) et Laurent Munerot, Président de la CNAMS (à droite)

La CNAMS IDF aux Rencontres de la CNAMS